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Prévisions économiques de printemps de la Commission : accélération de la croissance

Claudia Marfurt , 11 mai 2006

Depuis 2005, et à en croire les prévisions économiques de printemps de la Commission pour 2006-2007 publiées le 8 mai 2006-, nous devrions être témoins d’une nette croissance : les chiffres devraient atteindre 2,3% dans l’Union européenne, ainsi que 2,1% dans la zone euro pour 2006. Les chiffres respectifs pour l’année 2005 ne s’élevaient en effet qu’à 1,6% et 1,3%. Il est cependant prévu que la croissance ralentira quelque peu en 2007 pour se stabiliser à 2,2% pour l’Union et à 1,8% pour la zone euro.

Ce progrès est lié à divers facteurs :

Tout d’abord l’on constate dans l’Union européenne un recul progressif du chômage : la croissance de l’emploi a repris, notamment grâce au secteur des services. On estime à l’heure actuelle que durant la période 2006-2007, l’Union européenne sera à l’origine de la création de quelque 3,6 millions d’emplois dont 2,4 millions dans la zone euro.

Le niveau record de chômage ayant été atteint en 2004 (9% dans les deux zones), il a commencé à baisser en 2005. Ce phénomène est notamment imputable aux réformes structurelles qui ont été entreprises sur les marchés des produits et de l’emploi. La Commission estime que le taux de chômage pour 2007 s’établira aux alentours des 8% tant dans l’Union européenne que dans la zone euro.

La croissance est également soutenue par le redémarrage dans le domaine de l’investissement. On constate que les entreprises ont repris progressivement confiance en la conjoncture, que les conditions de financement sont redevenues plus favorables, et que les perspectives de rendement se sont également améliorées.

Quant à l’inflation, l’on constatera sa qualité stable en 2005 (2,2%) dans l’Union européenne ainsi qu’en zone euro, en dépit de la hausse drastique des prix du pétrole. N’ayant pas eu d’impact décisif sur le taux d’inflation, la Commission estime pouvoir prévoir une inflation se fixant à un taux avoisinant les 2% dans les deux zones durant la période considérée.

Enfin, du positif peut également être constaté en matière de finances publiques. L’année 2005 a démontré un résultat plus agréable qu’attendu, ce qui est dû à des dépenses moins conséquentes que ce que l’on avait anticipé. Cela a permis d’équilibrer la situation par rapport à la diminution globale des recettes. Cependant, les finances publiques de l’année 2005 d’un certain nombre d’Etats ont connu des taux très déficitaires. L’on relèvera à cet égard les Etats suivants : la Hongrie (6,1%), le Portugal (6%), la Grèce (4,5%), l’Italie (4,1%), la Grande-Bretagne (3,3%), l’Allemagne (3,3%) et Malte (3,3%). Pour les membres de la zone euro, les Etats doivent maintenir un taux de déficit public ne dépassant pas les 3% sous peine de se voir en situation de violation du Pacte de stabilité. La Commission prévoit que 3 membres de la zone euro se trouveront à nouveau dans une telle situation pour les finances de l’année 2006 (prévisions pour l’Allemagne, 3,1%, l’Italie, 4,1%, et le Portugal, 6%).

L’on constate donc que de manière générale, les perspectives sont plutôt favorables pour l’Union sous l’angle de la croissance économique. Cela s’inscrit dans un contexte plus large. La croissance mondiale devrait atteindre les 4,6% en 2006 et les 4,3% en 2007. Les Etats-Unis ne devraient pas connaître de changement marqué avec une croissance se maintenant aux alentours des 3%. L’Asie quant à elle, hormis le Japon (pour lequel un taux de 2,8% en 2006 est prévu), connaîtra selon les prévisions un taux de croissance dépassant les 7,5%.

Cependant, des risques subsistent. L’économie communautaire demeure menacée par les problèmes de stabilité extérieurs à ses frontières. En particulier, dans un futur proche, la menace pourrait se concrétiser du côté des prix pétroliers. L’équilibre des prix dans ce secteur n’est pas du tout assuré, en raison notamment de la faible quantité de réserves inutilisées, ce qui rend le marché particulièrement vulnérable sous l’angle de l’approvisionnement. D’ailleurs, en raison des fortes tensions géopolitiques animant en ce moment la scène internationale, il est très probable que les hypothèses sur lesquelles sont fondées les prévisions en matière de prix pétroliers (68,9 $ le baril en moyenne pour 2006 et 71 $ le baril en moyenne pour 2007) soient sujettes à des variations notables tant à la hausse qu’à la baisse.

Globalement, les prévisions sont donc optimistes en ce qui concerne l’Union européenne, ce qui s’inscrit dans le cadre du phénomène global de la reprise de la croissance économique. Une certaine vigilance reste cependant de mise, étant donné notamment la subsistance d’un risque non négligeable en matière de marchés pétroliers. Il n’est ainsi pas exclu, que malgré le climat général optimiste, des révisions des chiffres prévus pourraient s’avérer nécessaires dans le courant de la période considérée.

L’on mentionnera enfin que la Suisse connaît un développement similaire à celui de l’Union européenne. En effet, le Groupe d’experts de la Confédération pour les prévisions conjoncturelles prévoit que la Suisse poursuivra en 2006 sa lancée d’expansion conjoncturelle robuste. Il estime qu’il y aura une croissance du PIB à prix constants de 2%, ce qui représente une révision à la hausse des prévisions de début janvier 2006 (1,8%). Le domaine le plus touché par cette croissance devrait être celui des investissements en biens d’équipement. Cela est dû notamment aux attentes optimistes des entreprises.

En ce qui concerne le marché du travail helvétique, la reprise de l’année 2005 devrait se poursuivre tout au long des années 2006 et 2007. Une hausse de l’emploi est en effet prévue, avec une augmentation de 0,5% en 2006 et 0,3% en 2007. Le taux de chômage devrait ainsi reculer pour atteindre 3,4% en moyenne annuelle en 2006 et 3,1% en 2007.

Le Groupe d’experts estime de surcroît qu’il est possible que l’année 2006 nous réserve une surprise agréable, comme cela a déjà été le cas en 2005, avec un développement plus favorable que prévu. Cependant, il attire également notre attention sur le fait que, à l’instar de l’Union européenne, la Suisse n’est pas à l’abri des risques conjoncturels liés à la situation géopolitique actuelle, et au développement des marchés financiers notamment sous l’angle de l’évolution des taux de change.


Reproduction autorisée avec indication : Claudia Marfurt, "Prévisions économiques de printemps de la Commission : accélération de la croissance", www.ceje.ch, actualité du 11 mai 2006.