Le 12 septembre 2019, la Commission européenne et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont organisé le premier Sommet mondial de la vaccination. Un tel évènement s’annonçait particulièrement pertinent puisque, en août 2019, le Bureau régional de l’OMS en Europe a annoncé que quatre de ses États membres, l’Albanie, la Grèce, le Royaume-Uni et la République Tchèque, ont perdu leur statut de pays ayant éliminé la rougeole. La perte de ce statut est le résultat d’un manque de couverture vaccinale dans lesdits pays. Cette problématique n’est cependant pas exclusive à l’Europe. En avril, l’Association américaine des médecins de famille a déclaré que le nombre de cas de rougeole aux États-Unis était le plus élevé depuis 25 ans. Comment agir face à cette problématique ? Le Sommet mondial de la vaccination a tenté d’apporter quelques réponses. Il a réuni plus de 400 personnes, issues de la politique nationale, des Nations Unies et autres organisations internationales, du monde académique, du secteur privé ainsi que d’organisations non-gouvernementales. Une place toute particulière a été accordée à l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (GAVI), que la Commission européenne et l’OMS ont appelé à soutenir. La journée a été organisée autour de trois thématiques principales.
La première table ronde s’est penchée sur la nécessité de renforcer la confiance sur les vaccins. 48% des citoyens européens considèrent aujourd’hui que les vaccins peuvent entraîner des effets secondaires graves. Pour cela, il est nécessaire de mettre en avant les avantages des vaccins et de travailler avec les moyens de communication pour éviter la propagation du mouvement anti-vaccin (anti-vax movement). Cette table ronde a également discuté des options législatives existantes et a mis en lumière des approches très différentes. Certains États ne font que recommander les vaccins alors que d’autres ont (parfois très récemment) rendu les vaccins obligatoires.
La deuxième table ronde a examiné les options pour développer de nouveaux vaccins. Cette tâche est essentielle puisque l’on compte aujourd’hui encore des maladies majeures, telles que le VIH/SIDA, pour lesquelles il n’y a pas de vaccin. L’existence de vaccins est d’autant plus nécessaire que cela peut constituer un complément essentiel aux antibiotiques à une période où la résistance aux anti-microbiens devient une préoccupation majeure. La recherche et le développement de nouveaux vaccins comporte cependant un grand nombre de risques et exige la mobilisation de ressources importantes. Les différentes initiatives mises en place pour faciliter le développement de vaccins sont généralement basées sur des partenariats publics-privés ce qui permet d’accélérer la recherche, notamment pour des maladies négligées.
La troisième table ronde a adopté une approche globale envers les vaccins, en les mettant en perspective avec les Objectifs de développement durable (ODD). Les participants ont examiné comment les vaccins seront affectés par les changements en termes de population, climat et développement prévus d’ici l’échéance de l’Agenda 2030.
Au final, ce premier Sommet global de la vaccination a adopté une approche intégrale envers les vaccins, ce qui a permis d’examiner leur rôle dans le cycle de vie du système de santé, depuis leur conception jusqu’à leur place dans la couverture santé universelle (Universal Health Coverage) et la réalisation des ODD. L’organisation conjointe de ce premier sommet par la Commission européenne et l’OMS semble annoncer un engagement croissant de l’Union européenne dans le domaine de la santé et révèle une volonté de jouer un rôle majeur sur la scène internationale.
Elisabet Ruiz Cairó, « Un engagement majeur de l’Union européenne dans le premier Sommet mondial de la vaccination», actualité du 4 octobre 2019, www.ceje.ch