Depuis l’accord de Bruxelles conclu en 2013 entre les autorités serbes et kosovares, l’Union européenne pensait que la situation dans cette région des Balkans allait retrouver une nouvelle stabilité. Six ans plus tard, force est de constater que les relations entre la Serbie et le Kosovo ne se sont pas encore apaisées. Au contraire, la tension est même arrivée à un point tel que les autorités serbes ont décidé, le 14 janvier 2017, de remettre en circulation un train reliant Belgrade à Kosovska Mitrovica (nord du Kosovo, à majorité serbe) et frappé de l’inscription « le Kosovo, c’est la Serbie ». Ce train a finalement été bloqué à la frontière par la police kosovare. Chaque partie a ensuite accusé l’autre de vouloir provoquer un nouveau conflit armé.
Suite à cet incident, la Haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères, Mme Federica Mogherini, a décidé de réunir à Bruxelles, les 24 et 31 janvier 2017, les présidents et premiers ministres des deux Etats en vue d’apaiser les tensions. A la suite de ces négociations, Mme Mogherini a déclaré dans un communiqué de presse que la médiation de l’Union européenne a permis d’aplanir les désaccords, et de se focaliser sur la progression du dialogue dans un esprit de respect mutuel et de coopération entre les deux communautés. La Haute représentante a assuré qu’elle s’impliquerait personnellement dans les questions qui ont fait l’objet d’un accord entre parties, et dans la mise en œuvre de ce qui a été décidé jusqu’aux prochaines réunions envisagées entre les serbes et les kosovares.
Il est vrai que la normalisation des relations entre la Serbie et le Kosovo est, comme le souligne Mme Mogherini, nécessaire en vue de la poursuite de l’adhésion des deux Etats à l’Union européenne. Néanmoins, la question de fond qui porte sur le statut final du Kosovo reste en suspens. La Serbie a d’ores et déjà fait savoir qu’elle ne reconnaîtra jamais l’indépendance autoproclamée du Kosovo. Il convient d’ailleurs de rappeler que cinq Etats membres (Chypre, Espagne, Grèce, Roumanie et Slovaquie) n’ont pas reconnu le Kosovo, compte tenu de l’existence dans certains de ces Etats de régions à tendance indépendantiste.
Il apparaît nécessaire que l’Union européenne clarifie sa position par rapport à la Serbie et au Kosovo. La situation est pourtant complexe. D’une part, l’Union n’est pas en mesure d’adopter une position commune sur le Kosovo, car il n’y pas d’unanimité au sein des Etats membres sur la reconnaissance du statut d’Etat de celui-ci. D’autre part, si la reconnaissance du Kosovo en tant qu’Etat pouvait être acquise au sein de l’Union européenne, celle-ci devra encore déterminer si elle exigera de la Serbie la reconnaissance du Kosovo comme une condition préalable à tout futur dialogue, voire même à la poursuite des négociations d’adhésion à l’Union européenne. On ne peut que constater que le chemin de la normalisation des relations entre la Serbie et le Kosovo est encore long et semé d’embûches.
David Trajilovic, "UE-Balkans Occidentaux: la normalisation des relations entre la Serbie et le Kosovo piétine", Actualité du 13 février 2017, disponible sur ceje.ch